L’allégement des vernis de Paul Saint Bris
L’allégement des vernis de Paul Saint Bris
Éditions P. Rey
Livre passionnant à plus d’un titre : le narrateur est Aurélien, directeur du département des peintures qui a sur beaucoup de choses un regard distancié de spectateur là où on attendrait une prise de position forte. Le personnage manque d’aspérités et ne pèse pas dans des décisions pourtant importantes compte tenu de sa fonction.
Sa situation amoureuse est aussi peu enthousiasmante que son attitude en général, l’homme subit plus qu’il n’est à la manœuvre.
À travers lui, nous assistons à l’émergence d’un enjeu majeur : la restauration éminemment risquée de la Joconde, initiée par la directrice du musée pour des raisons commerciales, l’art versus McKinsey.
Passionnantes la recherche en Italie de l’artiste capable d’alléger les vernis sans risques majeurs pour l’œuvre, seul moment où Aurélien paraît plus vivant et la description des techniques d’allégement permettant de restaurer les couleurs d’origine.
Être par ailleurs au sein du Louvre, avec la description de certaines œuvres, de certains lieux, n’est pas le moindre intérêt du livre.
Si Aurélien est un peu falot, un autre personnage sort du lot avec humour : Homero, chargé du nettoyage des œuvres, dont il est amoureux ; imaginez la valse en musique d’Homero tournant avec son autolaveuse autour des statues, les frôlant, sa contemplation jusqu’à l’hypnose de la Joconde.
La chute du livre, assez époustouflante, questionne sur le lien que nous avons à l’image, à l’art, au beau.
Très agréable à lire dans un style fluide, cultivé et vivant, ce premier livre de Paul Saint Bris est palpitant ; le fond et la forme se rejoignent, contribuant à la réussite de l’ouvrage.
Parution : 12/01/2023
Nombre de pages : 349
Prix : 22,00 €